Les seules nature et structure des fils ne suffisant pas à expliquer leur action ou leurs résultats, il nous faut donc parler aussi de leurs différents modes d’implantation, après les conditions de leur mise en place sous la peau.
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introduction des fils sous la peau :
Les fils sont introduits dans l’hypoderme superficiel (tissu graisseux situé juste sous la peau), sous anesthésie locale, à l’aide d’aiguilles assez longues mais pas coupantes (dites à pointe mousse) afin qu’elles ne blessent pas les éléments fragiles qu’elles pourraient croiser (vaisseaux et nerfs superficiels).
A : aiguilles à pointe mousse
B : aiguilles à pointe creuse peu coupante
C : aiguilles à pointe creuse très coupante -
Cette implantation est donc relativement superficielle, se distinguant clairement des actions chirurgicales s’effectuant sur des plans tissulaires beaucoup plus profonds et dangereux, où se situent vaisseaux sanguins et nerfs de gros calibre dont la blessure peut occasionner des désastres.
Dans la grande majorité des cas, les aiguilles tirent directement les fils qui y sont attachés (sertissage), mais les fils les plus anciens étaient introduits dans des aiguilles creuses, plus traumatisantes, que l’on retirait après avoir bien positionné le fil.
Mais une fois ceux-ci sous la peau, que faire pour rendre les fils efficaces ? Tout dépend du type de fil.
Les uns doivent être fixés en profondeur, les autres n’en ont pas besoin.
En fonction du type de fil, il y deux choix d’implantation :
1 : Avec fixation du fil en profondeur
2 : Sans fixation du fil en profondeur
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Implantation avec fixation des fils par suture :
Elle est la plus ancienne, et ne concerne que les boucles et les fils à crans monodirectionnels.
Sans cette attache haute, ils ne pourraient pas résister au glissement des tissus qu’ils doivent retenir et seraient emportés par eux vers le bas.
Elle permet donc de bloquer le fil… qui bloque déjà les tissus.
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Cette fixation laisse peu de place aux variations, et s’effectue avec une simple suture supplémentaire sur un tissu voisin plus solide (aponévrose), parfois renforcée par une petite plaque de tissu synthétique.
Dans le cas des boucles, comme on l’a vu, il est difficile de faire des réglages corrects de tension et de symétrie avant la fixation. La suture sur le cuir chevelu est souvent perceptible, et pour la rendre plus discrète, le diamètre du fil SILHOUETTE SUTURE® a été diminué à 0,2 mm.
Dans le cas des fils crantés monodirectionnels , cette fixation centralise les extrémités de tous les fils implantés, ce qui est sans doute la manière d’opérer la plus pratique et la plus rapide, mais elle peut être discutable sur le plan du rendu esthétique .
Ce point de fixation centralisé nécessite une ouverture de quelques centimètres dans une zone temporale « sécurisée » pour les seuls fils monodirectionnels actuellement disponibles en France, qui sont les fils SILHOUETTE SUTURE®, ces fils mixtes originaux à crans résorbables sur fils lisses permanents. Leurs prédécesseurs dans ce type de pose étaient les fils CONTOUR THREADS®, qui ont lancé les fils crantés aux USA, mais qui ont été abandonnés pour différentes raisons. Ils avaient des crans très fragiles parce que trop longs, qui se « retournaient » avec la traction. Leur implantation utilisait une fixation qui n’était pas centralisée, mais étagée en 3 points.
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Implantation sans fixation
Elle est la règle avec tous les fils à crans bidirectionnels, qui fixent les tissus qu’ils compriment tout en étant fixés par eux, sans point de fixation supplémentaire, détail difficile à concevoir et qui étonne toujours un peu.
Mais les fils de ce type donnent des résultats très différents selon leur longueur et leur nombre, et l’on doit s’intéresser au premier paramètre pour observer combien sa variation permet de faire progresser les résultats.
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Une explication préliminaire s’impose.
La tête peut être divisée en deux zones, séparées par une ligne de faible résistance.
- La zone du cuir chevelu est solide, ne s’affaisse pas, et correspond aux points fixes.
- La zone du visage et du cou est faible, s’affaisse, et correspond aux points mobiles.Si la longueur des fils permet d’unir ces deux zones et que le lien mécanique ainsi créé fait supporter la zone faible par la solide, on peut obtenir un bon résultat. Mais si les fils sont limités à la zone faible, on n’obtiendra aucun résultat, et on aura implanté ce corps étranger sans aucun bénéfice, ce qui n’est certes pas un danger mais ce qui ne présente pas le moindre intérêt.
A la lumière de cette simple explication, il est possible d’estimer le résultat en fonction de la longueur et du type d’implantation des fils de suspension bidirectionnels.
Peut-être le lecteur reconnaîtra t’il le traitement qu’il a reçu. Il pourra dès lors se faire une idée assez précise du résultat réel qu’il peut en attendre.
Ces évolutions, que l’on classe en implantations simples ou complexes, sont présentées dans leur apparition chronologique, et n’ont d’autre but que l’amélioration des résultats, dans leur efficacité esthétique et leur durabilité.
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Les implantations simples ; Les fils courts :
Ils sont les premiers à avoir été implantés, bien que ne donnant pratiquement aucun résultat. Ils sont sujets à des migrations et des extrusions qui desservent considérablement l’image des fils.
Ils ne devraient plus être implantés.
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Longs de 5 à 12 cm, ils furent les premiers implantés, surtout selon le protocole de SULAMANIDZE qui utilisait les fils APTOS® dont il est l’inventeur. Ils ne se situent que dans la zone faible (peau affaissée du visage).
La réelle facilité et la grande rapidité de leur implantation (lunch time lifting !) les ont fait utiliser massivement il y a quelques années, mais leur résultat esthétique quasiment nul à très court terme, du même ordre que celui des fils d’or, a entretenu la confusion et donné à l’ensemble des fils crantés une réputation qu’ils ne méritent pas.
De plus, par une fréquente migration, ces fils devenus inutiles s’évacuent parfois spontanément par la peau ou même les muqueuses de l’intérieur de la bouche, ce qui est évidemment inquiétant. En fait et pour rassurer ceux qui se reconnaîtraient dans cette situation, l’extrusion (sortie) d’un fil est banale et sans danger.
En l’occurrence, il vaut mieux l’aider à sortir complètement, puisqu’il doit être soit à l’intérieur, soit à l’extérieur, mais pas entre les deux !
Ni le praticien ni le patient ne doivent se laisser séduire par des techniques aussi légères, dans tous les sens du terme, dont il est maintenant certain qu’elles ont des résultats trop faibles et que, sans être dangereuses, elles sont vides de sens…et toujours trop chères pour ce qu’elles peuvent apporter.Extrusion d'un fil -
Les implantations simples ; Les fils longs :
Par leur longueur de 20 à 35 cm, qui solidarise la zone faible et la zone solide, ils permettent d’obtenir des résultats bien meilleurs. Pour autant, ils sont encore très irréguliers dépendant aussi beaucoup de la nature des fils, trop faibles sur les tissus pesants et surtout ne permettent pas de pousser la technique plus loin après l’implantation.
Cependant, il faut noter que leurs résultats ont progressé avec les fils de dernière génération, de facture plus élaborée, qui permettent une accroche meilleure beaucoup moins agressive, et ne migrent pas. Il est nécessaire d’implanter un nombre certain de fils sur chaque zone pour assurer le résultat.
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La jonction entre les zones faibles et solides donne de la solidité à leur accroche, mais les fils gardent une indépendance qui peut être une faiblesse dans certaines circonstances.
Le principe d’une meilleure action grâce à une plus grande longueur étant acquis, d’autres solutions devaient être trouvées pour améliorer encore les résultats et leur durée.
D’ou l’idée de les solidariser de différentes manières pour accroître leur emprise et leur tenue sur les tissus.
Cette solidarisation agit comme un filet, qui recouvre une surface et distribue mieux les tractions, alors qu’un seul fil ne recouvre qu’une ligne comme on le voit dans les implantations complexes.
Les implantations complexes : X, EASYLIFT® et hamac de pommettes.
Elles ne sont possibles qu’avec des fils longs. Plus longues à pratiquer mais permettant des résultats plus durables, elles approchent souvent les résultats des liftings chirurgicaux simples qu’elles dépassent parfois en naturel et toujours en innocuité ;
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Les fils couplés en X :
Un simple détail de solidarisation de deux fils, présenté en 2004 (GUILLO), a permis d’avancer sur la voie des implantations sophistiquées, en échappant ainsi à la vision simpliste qu’on voyait s’installer en matière de fils crantés, ou petite intervention valait petit résultat suffisant.
Le fait de positionner deux fils en V inversés, puis de les nouer au centre pour plus de solidité, donnant aux deux brins liés l’aspect d’un grand X, a donné beaucoup plus de solidité au système de soutien, et donc de meilleurs résultats, photographiquement évidents.
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Dans le même temps, la technique s’étant un peu compliquée cessait d’être une « petite affaire », et requérait un peu plus de temps et de patience. Ce qui n’était plus au goût ni à la portée de tous les praticiens.
Une des limites des fils crantés en X est due à la puissante traction qu’ils exercent sur les tempes, qui peut générer avec des fils agressifs des douleurs voire des inflammations des bulbes capillaires adjacents, au point qu’il faut parfois les retirer.
La présence du nœud solidarisant les fils pouvait aussi être un facteur particulier d’agression cutanée, (cf complications) notamment en peau fine (derrière l’oreille) si le nœud comportait des crans, ce qui n’a été le cas que pendant quelques mois avant qu’il ne s’effectue sur un segment de fil lisse suggéré au fabricant. Les fils des dernières générations n’ont pas ce problème et les fils UPACTIV® sont d’ailleurs proposés par le fabricant COUSIN BIOTECH® dans une version prénouée en X.
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Le système EASYLIFT® (GUILLO) :
Ce montage situé sous le cuir chevelu et destiné à soutenir les fils crantés du visage a été présenté en 2006.
Un fil lisse remplace le fil cranté crânien afin que les crans n’agressent plus le cuir chevelu.
Les fils lisses montent sur le crâne jusqu’à se rejoindre au sommet du crâne, rendant les réglages de symétrie beaucoup plus simples.
Mais un des bénéfices ne s’utilisera que des années plus tard, lorsque l’on voudra exercer une nouvelle fois une traction sur les fils lisses, permettant de remettre en tension l’ensemble du système implanté, qui reste ainsi sous contrôle. L’implantation d’une lentille discrètement enfouie en remplacement des nœuds rend la remise en tension assez simple et rapide.
Lentille (clip pour la remise en tension)
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L’agressivité des crans dans le cuir chevelu nécessitait une solution, mais la relative perte de contrôle sur les fils implantés était aussi une préoccupation, plus ancienne, que sous-entendaient certaines critiques.
Une solution existait, qui permettait de résoudre ces deux problèmes simultanément ;
L’éviction des fils à crans dans la zone du cuir chevelu et leur remplacement par des fils lisses puis, à l’aide d’un instrument très simple et non agressif, le guidage des fils lisses jusqu’au sommet du crâne afin qu’ils se rejoignent en un même point pour chacun des étages du visage, ont donné naissance au montage EASYLIFT®.
Une seule jonction centralisant tous les fils ne donnait pas un rendu esthétique satisfaisant, les tractions exercées ne compensant pas exactement les effets de l’affaissement. Il était donc préférable, bien que plus long, de faire un point de jonction par étage, chacun d’entre eux devenant le lieu très limité et spécifique dévolu à une action immédiate ou à une remise en tension à venir sur ce seul étage.
On remplace maintenant les nœuds des jonctions enfouies sous le cuir chevelu par des petits clips spécifiques en forme de lentille, facilitant le repérage et la réutilisation des fils. Ils font l’objet de recherches poussées afin d’optimiser leur fonction.
EASYLIFT est une solution qui non seulement remplace les fils crantés du cuir chevelu, mais c’est aussi une nouvelle sorte d’attache médiale, non fixée et réglable, à prolongements latéraux.
Ce système évolué présente de nombreux avantages, -solidité, absence de migration des fils, perfectionnement et facilitation de la mise en symétrie, faible agressivité, contrôle potentiel sur la remise en tension des fils-, mais son apparente complexité de mise en place, bien relative, rebute de nombreux praticiens.
Pourtant, le prolongement d’effet sur plusieurs années que l’on obtient avec la remise en tension, très apprécié par les patients, est un avantage que l’on ne retrouve dans aucune autre technique, même chirurgicale. -
Hamac de pommettes :
Le plus récent des raffinements d’implantation, présenté en 2008 (GUILLO), est destiné à consolider les pommettes faibles ou lourdes. Il est basé sur le principe d’EASYLIFT®. puisqu’un effet latéral est obtenu par la traction latérale classique, mais un effet vertical y est adjoint, avec un blocage par un nouveau point posé médian, précisément à la racine du nez.
Cette variante utilise les fils crantés comme des doubles hamacs (ou brides), afin qu’ils aient une action combinée de soutien par le bas et de traction par le côté. Ce montage qui autorise un double réglage plus précis, vertical et oblique, n’est pas sans évoquer le soutien mammaire.
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La pommette est une zone majeure du visage et son affaissement perturbe considérablement la physionomie. Son traitement est difficile mais s’il est fait avec succès, il donne au résultat une harmonie et un naturel sans pareils.
Le montage sophistiqué qu’est le hamac de pommettes n’est fait que par des praticiens expérimentés, non pas à cause de sa dangerosité mais plutôt en raison de la grande subtilité des réglages de tension du point situé vers le nez. Ce point est l’équivalent du point haut du système EASYLIFT®, mais la tension qui s’y exerce est minime, totalement différente de celle des points du sommet du crâne, qui est plutôt forte.
Seuls les fils de dernière génération (SPRING THREADS®) peuvent être utilisés dans ce montage, aucune agressivité des crans (APTOS®), aucune fragilité de fil et aucun allongement après implantation (UPACTIV®) ne pouvant être tolérés dans cette zone.
Résumé :
Comme on peut le constater aisément, le monde des fils de suspension est beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît, surtout depuis l’avènement des fils crantés.
On peut en retenir qu’ils ont deux types de nature, permanente ou résorbable, à vocation différente, comportant chacun deux types de structure, lisse ou crantée.
Les fils crantés sont eux-même classés en deux sous-catégories, les crantés à crans monodirectionnels, déjà anciens (ALCAMO 1956), époque ou la chirurgie était conquérante, et les crantés à crans bidirectionnels, plus récents (SULAMANIDZE 1997), qui ont bénéficié en quelques années de beaucoup d’améliorations de qualité et de forme pour devenir aujourd’hui des implants spécifiques sophistiqués.
Parallèlement, leur implantation a évolué vers des zones beaucoup plus larges et traite plus logiquement les zones d’où vient l’affaissement (tempes et pommettes) et non plus uniquement celles ou l’on voit l’affaissement (joues et bajoues).
Tableau des implantations, selon les types et longueurs de fils
| FIXATION PROFONDE | IMPLANTATION SIMPLE | IMPLANT. X-Y | EASYLIFT | HAMAC POMMETTE |
BOUCLE Lisse |
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APTOS Bidirect. COURT |
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APTOS Bidirect. LONG |
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SILHOUETTE SUTURE Monodirect. |
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UPACTIV Bidirect. |
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SPRING THREAD Bidirect. |
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